«Notre action prend tout son sens quand l’Agence régionale de santé cherche à déployer l’offre de soins palliatifs sur Dieppe, à désengorger les urgences et à maintenir, s’ils sont d’accord, les patients à domicile », observe Julien Coquais, président de l’association Résopal et infirmier en libéral.
Pour ce réseau de soins palliatifs et d’accompagnement à domicile, il s’agit « d’accompagner le patient au bon moment, le plus souvent dans les trois derniers mois de son existence. Mais il arrive aussi que des patients sortent de notre file active (les personnes accompagnées, NDLR), suite à un rétablissement de santé ».
Résopal s’adresse à « toute personne confrontée dans sa vie personnelle ou professionnelle, à une prise en charge médicale palliative », et n’agit qu’à sa demande. Deux infirmières coordinatrices, une psychologue, un médecin coordinateur, une assistante sociale : ces professionnels formés à l’accompagnement vont, non pas l’assurer mais le faciliter et le coordonner, aux côtés de l’équipe médicale.
« On ne s’habitue pas à la mort »
On commence par évaluer les besoins du patient et de son entourage, y compris en termes financiers ou sociaux : « Coordonner c’est se préoccuper du patient, de son maintien à domicile en cas de pathologie évolutive, de ses besoins en aide ménagère… C’est suivre l’évolution de la douleur physique et psychologique pour alerter, s’assurer que les traitements sont bien compris du patient. C’est pourquoi nous effectuons des visites régulières », détaille Véronique Thiers, infirmière coordinatrice. Ainsi, de plus en plus de malades ont moins de 60 ans et ne bénéficient pas de certaines aides comme l’APA ; l’association va alors se mobiliser pour trouver des fonds afin par exemple d’aménager une baignoire.
En permanence aux côtés du patient, l’aidant peut s’épuiser. Pour le soulager momentanément Résopal va rechercher l’hospitalisation du patient sans passer par les urgences, « le plus dur étant de trouver un lit l’hôpital ».
« Un professionnel intervient directement auprès de la personne, et chez elle, c’est notre psychologue », poursuit Véronique Thiers. Celle-ci, Claire Langlois, peut prolonger l’accompagnement au-delà du décès, si l’entourage ou les soignants en ont besoin : « Car on ne s’habitue jamais à la mort. Je ne donne pas de conseil, j’offre un espace de parole, je suis là pour recevoir des mots, voir si les mécanismes défensifs que chacun met en place sont pertinents, indique la psychologue. On essaie de transformer tout ça pour que l’interlocuteur puisse faire face à la situation tant bien que mal. »
Elle poursuit : « Dans notre société, la peur de la mort est toujours là. La souffrance psychique aussi. Certaines personnes se trouvent parfois dans une solitude extrême. Nous représentons une forme de réponse, comme les membres de la famille. »